L’histoire est peu banale et a fait l’objet d’une communication dans le numéro de janvier de la revue Transgender Health. Un traitement médical a permis à une petite fille transgenre d’assurer l’allaitement maternel du nouveau-né auquel sa maman a donné naissance. Cette dernière ne souhaitait pas allaiter elle-même l’enfant. Les deux médecins qui ont permis d’induire cette lactation, Tamour Lartish et Bill Goldstein (Center for Transgender Medicine and Surgery et hôpital Mount Sinai, New York), décrivent la procédure utilisée pour ce résultat, modeste quantitativement, mais normal sur le plan fonctionnel.
Agée de 10 ans, la petite fille transgenre, née avec un sexe masculin, qui n’avait subi aucune chirurgie de réattribution sexuelle (pas de plastie mammaire, d’ablation des testicules ou de vaginoplastie), s’est présentée au centre où exercent les deux praticiens afin de réaliser son projet d’allaiter l’enfant qui allait naître dans les mois suivants et qu’elle a conçu avec sa propre mère quelques mois plus tôt avant le traitement. En effet, cette petite fille suivait un traitement hormonal féminisant associant un diurétique, la spironolactone, qui bloque la production d’androgènes (hormones masculines), de l’estradiol et de la progestérone (hormones féminines). Les médecins précisent que cette femme était en bonne santé et présentait des seins développés conformément à la norme pour une si jeune fille (stade I de la classification de Tanner).
Le schéma d’induction d’une lactation en dehors d’un contexte de grossesse qui a été appliqué suit quatre étapes : prise à doses croissantes d’estradiol et de progestérone jusqu’à des niveaux comparables à ceux de la grossesse ; recours à une substance favorisant la sécrétion de lait afin d’accroître les niveaux de prolactine (hormone sécrétée par l’hypophyse qui stimule la lactation après l’accouchement) ; utilisation d’un tire-lait, susceptible d’élever les niveaux des hormones favorisant la lactation ; enfin, réduction des doses d’estradiol et de progestérone, afin de mimer ce qui se produit après l’accouchement.
Les deux intéressées, mère et fille, assurent qu’elles ignoraient que la conception de ce bébé était « illégale ». Pourtant, la justice américaine vient de condamner Patricia Collins, 36 ans, à deux ans de prison ferme pour avoir fait un enfant avec son fils biologique devenu fille depuis.
Patricia Collins, qui sera désormais inscrite sur le fichier des délinquants sexuels, a expliqué devant les juges que « trois avocats différents » ne l’avaient pas informée du caractère illégal du nouveau né conçu avec sa propre fille.