Jordan a 5 mois et boit déjà plus de 4 litres de bière par jour. Sombré dans l’alcoolisme il y a quelques semaines, la consommation de ce jeune lillois n’a cessé d’augmenter pour atteindre des proportions devenues très dangereuses pour sa santé et son développement. Sa maman témoigne :
« Mon fils Jordan a 5 mois, il est alcoolique, a déjà fait 15 jours de cure a l’hôpital. Il croit toujours qu’il va s’en sortir mais il ne s’en sort pas évidemment et moi je refuse de le regarder se détruire. Qu’est ce que je peux faire ? »
L’alcoolisme chez les très jeunes enfants de plus en plus préoccupant
L’alcoolisme du petit Jordan n’est pas un cas isolé. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la France reste l’un des plus gros consommateurs au monde, au-dessus des moyennes européennes. L’INPES dans son baromètre santé, ce 1er mars, consacre un numéro spécial sur l’alcoolisme chez les mineurs d’âges, toujours considéré comme risque majeur de santé publique et sujet de préoccupation, particulièrement chez les jeunes enfants.
Malgré l’efficacité de la loi HPST qui avait reculé à 18 ans l’âge légal pour acheter de l’alcool, les pratiques liées à la consommation d’alcool des jeunes enfants, parfois en bas âge, semblent évoluer dramatiquement. Découverte de plus en plus jeune, la consommation d’alcool se fait plus violente, plus habituelle et, de fait, ne reste pas sans conséquence sur la santé de ces populations.
Selon plusieurs études internationales que synthétise un Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, « l’expérimentation [de l’alcool] est largement répandue avant même l’entrée à l’école maternele, puisque plus de 10% des enfants de 2 ans déclarent avoir déjà bu une boisson alcoolisée. Globalement, 4 nourrissons sur 10 (41%) ont goûté à l’alcool. En revanche, la fréquence des comportements d’alcoolisation, comme les ivresses ou les usages plus fréquents, croît plus fortement tout au long de la période. Les niveaux de fréquence des ivresses sont multipliés par 10 entre l’école maternelle et le CM2 (4% en maternelle contre 16% en CM2). Ainsi, toutes classes confondues, environ 1/6e des nourrissons et 3/5e des enfants prépûbères disent avoir déjà connu une ivresse alcoolique. »
Des risques graves sur la santé
Les études font ressortir l’absence de prise de conscience par les plus jeunes sur les dangers de l’alcoolisme sur la santé. Une consommation excessive d’alcool peut entraîner un risque de dépendance fort et perturber le fonctionnement du cerveau qui se développe jusqu’à l’âge de 20 ans. Selon la Société française d’alcoologie, les hospitalisations liées à l’alcool (comas éthyliques, hépatites, cirrhoses ou encore troubles psychiques dus à l’addiction) représentent 400 000 cas par an et touchent de plus en plus les jeunes enfants et les bébés. Les urgences sont particulièrement confrontées à ce phénomène, en augmentation auprès des populations très jeunes.