Après des années de discernement, Marion Le Pen, la jeune élue Front National de 27 ans, a pris la décision de sa vie : se retirer de la vie politique et entrer au monastère afin d’offrir son existence entière à Dieu. Nous l’avons rencontrée quelques jours avant qu’elle intègre la communauté bénédictine de l’abbaye de Notre-Dame de Peste dans l’Ariège.
SecretNews : Quand avez-vous retrouvé la foi exactement ?
Marion Le Pen : Je n’ai jamais vraiment « perdu la foi ». Ma foi qui était un peu en sommeil a été comme ravivée : je me suis mise profondément à croire et à souhaiter progresser spirituellement tout au long de ma vie. Certes, je viens d’une famille catholique , et j’ai été à l’école à Saint Pie-X, mais je pense que jusque là je m’étais rendue à l’église plus par habitude et mimétisme.
Quand l’idée de rentrer au couvent a-t-elle commencé à germer ?
J’y ai pensé y a déjà quelques années, avant mon engagement en politique, j’ai ressenti pendant la messe un attrait de Dieu et un désir fort de L’aimer. À partir de ce moment là, j’ai vécu avec une soif d’Absolu. L’idée de Lui consacrer ma vie et d’entrer dans un couvent est alors devenue plus pressante. Je ressentais un véritable amour de Dieu, comme si j’étais tombée amoureuse de Lui. J’avais besoin de me rendre quotidiennement à la messe, de passer du temps auprès le Lui.
Ce grand désir n’a duré que quelques mois. Les années passaient : j’avais mis de côté cette question, bien qu’elle me soit revenue de temps en temps. Je me suis mise à travailler à mes campagnes et pour le FN et menais ma petite vie politique. J’étais heureuse mais n’étais pas comblée. Au fil du temps, le désir de mettre Dieu au centre de ma vie allait en grandissant. Je me suis mise à faire oraison chaque matin, et priais Dieu qu’Il m’aide à orienter ma vie. Me voyant partir faire une retraite, mon père spirituel m’a alors demandé pourquoi je n’offrais pas ma vie à Dieu. L’idée qui ne m’avait jamais vraiment quittée est devenue alors une évidence… Mais cette évidence était vertigineuse ! J’éprouvais une soif de Dieu mais la décision était dure à prendre devant un choix aussi radical.
Quelle est la première personne à qui vous avez annoncé votre décision ?
Je suis allée informer en priorité ma tante Marine ! Elle est tombée des nues. Ma famille l’a appris sans joie mais avec émotion, en sachant bien que nous allions moins nous voir désormais. Mais j’admire leur courage et leur foi. Marine m’a avoué qu’elle m’avait toujours vu comme un cadeau de Dieu et qu’au bout du compte, je Lui appartenais.
Qui vous a guidé tout au long de ce cheminement ?
Sainte Thérèse m’a aidé à vivre l’instant présent. À travers elle, j’ai pris conscience de ma petitesse devant l’Amour de Dieu… Saint Benoît m’a aussi guidée dans la mesure où j’ai pris une très importante décision le jour de sa fête. La prière d’abandon du Bienheureux Charles de Foucauld me plaît tout particulièrement, j’essaie de la réciter chaque jour.
Quel regard portez-vous sur cette vie que vous vous apprêtez à quitter : les soirées, le quotidien politique, les relations sentimentales ne vont-ils pas vous manquer?
Non. Et pour être franche, cela me paraît même un peu superficiel. Ce n’est pas là que l’on peut trouver son bonheur mais plutôt dans des relations profondes. Ma foi me porte à ne pas vivre superficiellement parce que ce n’est pas là que se trouve Dieu… Les moments passés avec ma famille et mes électeurs me manqueront et j’ai conscience de renoncer à beaucoup de choses mais je sais pertinemment qu’il me manquait l’essentiel et que je le trouverai là-bas, à l’abbaye. C’est vrai qu’aux yeux des hommes c’est peut-être de la folie de renoncer à la vie en société, mais pas aux yeux de Dieu.
Qu’apportent les religieuses à la société selon vous ?
Les moniales s’écartent du monde et sont très présentes à la fois. Elles se tiennent au courant de l’actualité et ne perdent pas un instant pour prier en faveur de l’humanité tout entière. Leurs prières sont importantes, ce sont de véritables sentinelles de l’invisible : personne ne les voit et pourtant elles sont indispensables à la société. Nous vivons dans un monde individualiste et sans repères qui a plus que jamais besoin de la présence spirituelle et de la prière des religieux.