Ce texte remplacera favorablement celui de Sylvie Germain, un des sujets de l’an dernier qui avait fait polémique, car jugé trop difficile par les lycéens.
Selon une nouvelle étude de l’INSEE, la principale cause de la déforestation dans le monde serait la production des multiples livres de nos politiciens, membres du gouvernement en tête. Cette frénésie écrivassière (nous avons trop de respect pour la littérature pour utiliser cet adjectif dans cette phrase) de nos dirigeants est encore plus marquée sous le gouvernement Macron.
Jean-Michel Blanquer, Sophie Cluzel, Emmanuelle Wargon, Olivia Grégoire, mais également Agnès Pannier-Runacher, Marlène Schiappa et même Gérald Darmanin ont déjà publié le résultat désolant de leurs démangeaisons plumitives. Et la liste est loin d’être exhaustive. Souvent, le niveau des ventes est à la hauteur du talent de ces écriveurs, puisque le roman de Madame Schiappa a été écoulé à une soixantaine d’exemplaires, celui d’Emmanuelle Wargon a atteint les 75 exemplaires vendus.
Cette prolifération de parutions, plus conséquente que la miraculeuse multiplication des pains, agace même notre président qui, selon le Canard Enchaîné, aurait déclaré : « Mais les Français vont finir par se dire que les ministres ne foutent rien et qu’ils passent leur temps à écrire des livres. »
Cependant, parmi cette pathétique série d’échecs qui, non contente de ravager nos forêts, fait naître des pensées suicidaires chez nombre d’éditeurs, un ministre sort du lot et obtient des scores de ventes dignes de bons écrivains. Il s’agit de Bruno Le Maire. L’ange et la bête, sorti en janvier 2021, s’est vendu à plus de 25 000 exemplaires et ses publications précédentes ont atteint de bons scores.
Un style comparable aux plus grandes plumes est le secret du succès de notre ministre. De plus, Monsieur Le Maire parsème ses romans de passages érotiques qui auraient fait pâlir le marquis de Sade et feraient passer les mémoires de Rocco Siffredi pour une fable innocente bucolique. Nombre d’internautes ont salué ce passage issu de « Fugue américaine », son dernier ouvrage, ou plutôt son dernier jet :
« Il lui arrivait de soulever son t-shirt gris pâle pour exhiber ses seins. Tu as vu comme ils sont gros aujourd’hui ? Tu as vu, Oskar ? Elle le retirait totalement, dévoilant dans le creux de ses aisselles des petits points rouges comme des piqûres de moustique. Elle me tournait le dos ; elle se jetait sur le lit ; elle me montrait le renflement brun de son anus : Tu viens, Oskar ? Je suis dilatée comme jamais. »
Et reconnaissance suprême s’il en est, ce passage sera un des sujets du prochain bac de français. Ce texte remplacera favorablement celui de Sylvie Germain, un des sujets de l’an dernier qui avait fait polémique, car jugé trop difficile par les lycéens. Gageons qu’avec de tels supports pour les épreuves littéraires, la république saura former les futurs Molière et autres Edmond Rostand.