Sur les zones touchées par des dépôts radioactifs, comme à Fukushima au Japon, tout est contaminé. Y compris le thé qui est un des aliments les plus sensibles à la contamination radioactive. Nous avons rencontré Jérôme Sorgel, chef du laboratoire d’études radioécologiques en milieux asiatique à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
« L’aliment le plus sensible aux dépôts radioactifs sont les feuilles de thé, sans aucun doute. Les gens ne s’imaginent pas du danger qu’il y a à en consommer », indique le spécialiste de l’IRSN. « Il faudra même interdire la consommation de tout type de thé japonais pendant plusieurs décennies », précise Jérôme Sorgel.
Le thé réçoit directement les dépôts radioactifs. Il en absorbe toutes les radiations, à en faire exploser votre Geiger-Müller (détecteur de radioactivité, NDLR), souligne le spécialiste. Pourtant il n’a toujours pas été interdit à la consommation. L’union Européenne et les autorités japonaises ne parvenant pas à un accord.
Pour cette raison, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) a réclamé « une cartographie des activités de surface (au Japon, NDLR) permettant de recenser les zones à risque. Et de cibler les mesures à prendre pour le retrait de toute forme de thé contaminé en France ».
« A l’heure actuelle 60% du thé vert japonais vendu dans le monde est radioactif, ça ne peut plus durer ! »
– Jérôme Sorgel, chef du laboratoire d’études radioécologiques en milieux asiatique à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Dans les mois et même les année.s qui viennent, une contamination chronique perdure. C’est d’ailleurs toujours le cas dans les environs de Tchernobyl, en Ukraine, depuis l’explosion de la centrale atomique. C’était il y a 25 ans. « La quantité de césium 137, dont la demi-vie est de trente ans, diminue très lentement », reprend Jérôme Sorgel. La demi-vie ? C’est la période au terme de laquelle ce produit perd la moitié de son efficacité ou… de son danger. « Et les taux s’élèvent encore aujourd’hui à 100 becquerels par gramme de thé et plus de 1.000 becquerels par kilogramme de certains types de thé dans des zones situées à plus de 30 kilomètres autour de la centrale ukrainienne »
En France « on a relevé des taux de concentration de polluants radioactifs de 1.000 becquerels par kilogramme de thé, dans l’est de la France », poursuit le spécialiste. La quantité de césium 137 du thé en France est actuellement de l’ordre de 250 becquerel par kilogramme. En comparaison, les légumes à feuilles les plus contaminés autour du site ukrainien de Tchernobyl était de 125 becquerel par kg.
Naturellement, plus la concentration dans le thé est importante, plus les conséquences sur la santé liées à son ingestion sont graves. Une fois consommés, le thé contaminé est digéré. Les feuilles de thé radioactives profitent de ce processus naturel pour passer dans le sang, jusqu’aux organes. Ensuite, l’organisme les élimine par les voies naturelles… mais le mal est fait, en fonction des doses.
On peut en mourir. Même à très long terme, et les effets sur la populations peuvent mettre des années avant de se rendre visibles. Comme à Tchernobyl où encore cette année 11 enfants sont nés avec 2 têtes. « Le thé vert radioactif, c’est un scandale sans précédent depuis le début de l’histoire du nucléaire ! » – Jérome Sorgel –