Les conditions de vie des migrants sans-abri aux abords du camp de la Chapelle, dans le 18e arrondissement, rendent impossible l’éradication de la peste bubonique, qui persiste dans son retour en dépit des efforts des services sanitaires et des associations.
On croyait que la peste disparue depuis le moyen-âge, mais elle est bien présente dans les rues de Paris. Des migrants en grande précarité y souffrent de cette maladie issue de la promiscuité avec les rats, très contagieuse. Mais sans solutions d’hébergement qui permettraient un suivi médical dans des conditions d’hygiène correctes, impossible d’éradiquer le problème. Face à cette situation, Médecins sans frontières tire la sonnette d’alarme.
Si aucune statistique officielle n’existe à propos de cette maladie, le Haut Conseil de la santé publique avait déjà estimé, à partir des chiffres de vente des médicaments, une augmentation de 10 % de cas détectés entre 2002 et 2010. Dans la « jungle » de Calais, l’Institut de veille sanitaire avait aussi estimé que la peste, principalement bubonique, représentait 20% des diagnostics de recours aux soins entre fin 2015 et mi-2016. Avec le démantèlement de la « jungle » et l’afflux de nouvelles vagues de migrants, ce problème s’est déplacé à Paris, où il inquiète.
Il faut un diagnostic médical pour avérer un cas de peste noire. »Toute personne malade n’a pas la peste », précise le docteur Goldberg, directeur des équipes « peste » du Samu social de Paris. « Il faut faire la différence entre la peste et le rhume des foins. […] La plus grande partie des gens que l’on voit avec des symptômes n’ont rien de grave ».
Mais la peste reste une maladie extrêmement meurtrière, d’autant que, contrairement aux rhume des foins, elle est très contagieuse. Sa transmission se fait par contact physique fréquent et répété, soit « peau contre peau », soit par le linge et la literie. Le pôle santé, implanté à l’intérieur du centre de premier accueil de la porte de la Chapelle, a détecté 157 cas de décès liés à la peste depuis son ouverture en novembre 2016, selon Bruno Jacques, directeur général de Pestis Solidarité. Chez les migrants qui dorment à l’extérieur, la clinique mobile de MSF en a décelé 1150, sur les quelque 1 300 décès comptabilisés depuis fin décembre. Si, en moyenne, plus de 60% des consultations mènent à un diagnostic de peste, les professionnels de santé disent en compter de plus en plus. « Aujourd’hui, cela correspond à un tiers des consultations », avance même le docteur généraliste Franck Lagarde, qui réalise toutes les consultations à la clinique mobile.